De l’effet d’un programme de réhabilitation des capacités sensorimotrices de toux chez les patients porteurs de PSP

Bonjour, bonjour !

Cela faisait un moment que je n’avais pas publié le fruit de mes lectures et je m’en excuse.

Le dernier numéro de Dysphagia (Volume 37, issue 1, February 2022) a particulièrement attiré mon attention ce mois-ci : il contient 24 articles plus intéressants les uns que les autres. Néanmoins, il faut choisir (même si d’après André Gide, « choisir, c’est mourir un peu ») et mon premier choix de synthèse s’est portée sur l’article de James C. Borders et collaborateurs (p.74-83). J.C Borders est un chercheur (thésard) new-yorkais (University of Columbia) que je suis avec intérêt car il est orthophoniste et travaille au sein du laboratoire du Pr Troche, dont l’intérêt pour la dysphagie parkinsonienne n’est plus à prouver.

Cet article traite de l’amélioration des capacités de toux dans la Paralysie Supranucléaire Progressive (PSP). En effet, cette maladie neurodégénérative, syndrome parkinsonien, a pour caractéristique la présence d’une dysphagie oropharyngée et une altération des capacités de toux.

Par ailleurs, des recherches menées au sein de cette équipe ont prouvé l’effet de l’utilisation d’un protocole d’entrainement des capacités sensorimotrices de protection des voies aériennes (smTAP) chez les sujets sains et des patients présentant une maladie de Parkinson. Cela n’avait encore jamais été testé chez les personnes atteintes de PSP. Borders et coll ont donc étudié l’effet d’une session de ce protocole de réhabilitation chez 15 patients (9 hommes et 6 femmes, âge moyen de 72 ans, durée moyenne d’évolution de la maladie depuis le début des symptômes de 4 ans).

L’étude a été réalisée en deux temps : une première phase d’évaluation des capacités de protection des voies aériennes et de communication, une seconde phase d’évaluation de la faisabilité du traitement.

Une déglutition sous nasofibroscopie (FEES) a été réalisée en première intention. Puis il a été proposé un test pour évaluer le seuil de déclenchement de la toux suite à la nébulisation d’une solution à base de capsaïcine (afin de déterminer quelle concentration minimale permettait de déclencher une toux chez chaque sujet). Des mesures de l’expiration de pointe, du volume inspiratoire moyen et expiratoire moyen ont été relevées.

Le protocole smTAP a été réalisé sur six jours. Il consiste à demander au patient de se concentrer sur la sensation du besoin urgent de tousser, ressentie lors de l’inhalation de la solution de capsaïcine, puis de maximiser la puissance de leur toux suivant un biofeedback dont l’objectif était fixé à 25% au-dessus de leur expiration de pointe maximale (maximum Peak Expiratory Flow Rate). Une session de réhabilitation consiste en 25 répétitions de cette tâche.

93% des participants ont montré une amélioration de leur capacité d’expiration de pointe moyenne, dont 11 ont gagné plus de 10% de capacité. Cependant, l’augmentation de la capacité d’expiration maximale observée entre le début et la fin des sessions ne s’est pas révélée statistiquement significative.

Néanmoins, afin de vérifier l’efficacité d’un apprentissage moteur, on peut rechercher une diminution de la variabilité des performances motrices (plus on acquiert un savoir-faire, moins le geste fluctue dans son amplitude par exemple). Et cette donnée a effectivement été retrouvée chez les patients PSP testés dans cette étude, concernant l’expiration de pointe chez 11 patients (soit 73% des participants) et concernant le volume d’air expiré lors de la toux chez 12 patients (soit 80% des participants) prouvant ainsi que l’apprentissage d’une toux efficace est possible chez ces patients.

Parmi les limites de cette étude, les auteurs évoquent le fait que tous les patients n’ont pas la capacité de tousser sur commande. De plus, certaines personnes peuvent présenter une hypersensibilité à la capsaïcine, les auteurs préconisent alors de supprimer cette stimulation. Enfin, il est à noter que la population testée ne comprenait que des patients PSP forme Richardson, que les résultats n’ont pas été couplés à ceux de sujets contrôles, qu’il n’a pas été recherché d’effet sur la déglutition et que les patients n’ont bénéficié que d’une seule session du protocole par jour pendant 6 jours.

Cette première étude prospective reste toutefois prometteuse et nous restons aux aguets pour une recherche future fin d’améliorer la protection des voies aériennes de nos patients atteints de PSP et/ou dysphagiques.

A bientôt pour une prochaine synthèse !

La référence complète de l’article est ici 😊

Borders, J.C., Curtis, J.A., Sevitz, J.S. et al. Immediate Effects of Sensorimotor Training in Airway Protection (smTAP) on Cough Outcomes in Progressive Supranuclear Palsy: A Feasibility Study. Dysphagia 37, 74–83 (2022). https://doi.org/10.1007/s00455-021-10251-1

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :